Pratiques Agroécologiques avec les Champignons

Les pratiques agroécologiques visent à travailler en harmonie avec les écosystèmes naturels pour produire de manière durable. Les champignons, véritables architectes des sols, jouent un rôle central dans ces pratiques en stimulant la fertilité, la biodiversité, et la résilience des cultures. Cet article présente des solutions concrètes pour intégrer les champignons dans une approche agroécologique, que ce soit en agriculture, dans les vignobles ou au potager.


Le paillage est une pratique clé de l’agroécologie qui favorise la vie fongique.

  • Matières recommandées : Utilisez de la paille, du foin, des feuilles mortes ou du bois raméal fragmenté (BRF). Ces matières organiques fournissent aux champignons les nutriments nécessaires pour produire de l’humus.
  • Bénéfices :
    • Réduction de l’évaporation et meilleure rétention d’eau.
    • Préservation des réseaux mycorhiziens en évitant les variations de température.
    • Amélioration de la structure du sol.
  • Exemple pratique :
    • Potager : Étalez une couche de 5 à 10 cm entre les rangs de légumes pour stimuler les champignons décomposeurs.

Le semis direct sous couvert végétal est une pratique agroécologique qui limite le travail du sol et préserve les réseaux fongiques.

  • Couvertures végétales : Semer des engrais verts (vesce, trèfle, luzerne, phacélie) entre les cultures principales. Ces plantes maintiennent une couverture permanente qui protège les sols et nourrit les champignons mycorhiziens.
  • Avantages :
    • Enrichissement du sol en matière organique.
    • Stimulation des champignons qui créent des ponts mycorhiziens entre les plantes.
    • Réduction des intrants chimiques grâce à une fertilité naturelle.
  • Exemples pratiques :
    • Vigne : Utilisez des engrais verts comme le trèfle ou la moutarde entre les rangs, puis broyez-les pour en faire un mulch naturel.
    • Grands champs : Associez des céréales avec des cultures intercalaires pour maximiser les interactions mycorhiziennes.

L’inoculation des sols avec des champignons mycorhiziens est une solution agroécologique puissante.

  • Comment faire ? :
    • Appliquer des inoculants mycorhiziens (poudres ou granulés) directement sur les racines lors du semis ou de la plantation.
    • Inoculer le compost pour enrichir la vie fongique avant son incorporation au sol.
  • Exemples pratiques :
    • Potager : Appliquez des mycorhizes sur les plants de tomates, courges ou poivrons pour renforcer leur croissance.
    • Vigne : Inoculez les jeunes plants pour développer des réseaux mycorhiziens dès la plantation.

Dans une démarche agroécologique, il est essentiel de favoriser la biodiversité des sols.

  • Planter des haies et des arbres : Ces éléments servent de réservoirs de champignons et renforcent les ponts mycorhiziens entre les plantes cultivées et la végétation naturelle (par exemple, entre les chênes, les ronces et les vignes).
  • Laisser des bandes enherbées : Maintenir des zones non travaillées dans les champs ou autour des parcelles pour préserver la vie fongique.
  • Exemple pratique en vignoble :
    • Laisser pousser des plantes spontanées comme la ronce ou des herbes sauvages pour relier les ceps aux arbres proches et renforcer la santé du sol.

Le compost est un pilier de l’agroécologie, et son enrichissement avec des champignons peut décupler ses effets.

  • Comment l’enrichir ? :
    • Intégrer des spores de champignons décomposeurs (Pleurotes, Trichoderma) dans le tas de compost.
    • Ajouter des matières riches en carbone comme le BRF pour stimuler l’activité fongique.
  • Exemples pratiques :
    • Potager : Appliquer une couche de compost enrichi aux pieds des cultures exigeantes comme les courgettes ou les choux.

Les intrants chimiques, notamment les fongicides et les engrais solubles, perturbent les champignons bénéfiques.

  • Pratiques agroécologiques :
    • Éliminer l’utilisation de fongicides, mettre en place des protocoles en utilisant les huiles essentielles.
    • Privilégier des engrais naturels, comme la farine d’os ou les composts de poissons, pour favoriser les champignons capables de libérer le phosphore bloqué dans le sol.

L’agroforesterie associe les cultures agricoles avec les arbres, créant un écosystème propice aux champignons.

  • Exemple en grands champs :
    • Plantez des arbres espacés dans les cultures pour servir de refuges aux champignons. Les réseaux mycorhiziens relient alors les arbres et les cultures, favorisant un échange de nutriments et d’eau.
  • Exemple en vignoble :
    • Associez les vignes à des arbres comme les chênes pour renforcer les interactions bénéfiques via les ponts mycorhiziens.

En agroécologie, les résidus de culture sont une ressource, pas un déchet.

  • Pratiques à adopter :
    • Laisser les résidus en surface (chaume, paille) pour nourrir les champignons saprophytes.
    • Éviter le brûlage des résidus pour conserver la matière organique et les spores de champignons dans le sol.

Le phosphore est un élément indispensable pour la croissance des plantes, mais il est souvent retenu sous forme insoluble dans le sol. Les champignons, notamment les gloméromycètes, possèdent des enzymes capables de :

  • Dégrader le phosphore organique : Les champignons décomposent les matières riches en phosphore, comme les os, pour le rendre disponible aux plantes.
  • Solubiliser le phosphore minéral bloqué : En produisant des acides organiques, les champignons libèrent le phosphore piégé dans le sol.

En intégrant ces pratiques agroécologiques, vous exploitez le potentiel des champignons pour restaurer les sols, renforcer la résilience des cultures et limiter les intrants chimiques. Paillage, semis direct, engrais verts, agroforesterie et compost enrichi sont autant de solutions concrètes pour produire durablement tout en respectant la nature.

Adopter les champignons dans vos pratiques agricoles, c’est investir dans la durabilité, la fertilité, et la biodiversité. Ils sont la clé d’une transition agroécologique réussie, aussi bien pour les petits potagers que pour les grandes exploitations agricoles.