La PERMACULTURE, un outil de développement durable

Qu’est ce que la permaculture ?

La permaculture est née dans les années 1970. Deux sources principales ont initiées ce courant de pensée : MASANOBU FUKUOKA (spécialiste en phytopathologie et microbiologiste des sols japonais) et DAVID HOLMGREN (écologiste et essayiste australien) en partenariat avec BILL MOLLISON (scientifique australien engagé dans la cause environnementale). Elle provient du terme anglais « permanent-agriculture », produire toute l’année de l’alimentation sans épuiser les sols, une agriculture permanente, une culture permanente.

C’est une science en perpétuelle mouvement, elle s’inspire de l’observation de la nature, des savoirs traditionnels des anciens et des découvertes scientifiques récentes. Une règle importante étant d’agir avec la nature et non contre. Trois éthiques de base : Respecter la nature, respecter l’Homme et redistribuer les surplus générés.

L’homme est replacé au sein d’un (éco)système durable et soutenable pour la planète.

Plusieurs outils sont utilisés pour parvenir à ce but : l’habitat, la gestion des énergies, la communauté, l’agriculture (voir fleur de vie ci dessous). L’observation et la compréhension holistique de la nature permettent de créer des espaces résilients.

Fleur de vie permaculture (Source : nbcorp.be)

Ces principes s’intègrent dans la demande croissante de gestion environnementale .

L’ossature de cet article est inspirée du « Guide du permaculteur débutant » de BENJAMIN BROUSTEY
http://www.permaculturedesign.fr/wp-content/uploads/2012/06/guide-du-permaculteur-debutant.pdf

Un design (dessin) de conception d’un espace est toujours unique, fonction des attentes de chaque projet et de leurs utilisateurs. La permaculture n’est pas une solution miracle à appliquer partout, c’est une boite à outils de techniques / méthodes de planification, mises en place en fonction des potentialités et faiblesses du lieu. Les besoins, le budget, le climat, le temps à consacrer… définiront les lignes directives d’un projet d’aménagement. C’est ainsi qu’un plan d’action singulier à chacun des espaces peut être établi dans le but de préserver et régénérer la nature.

Exemple de Design « Ferme du Bec Hellouin »

Dans un design (dessin d’application) chaque élément et leurs positionnements seront analysés en amont (voir ex photo poule). Aussi, dans un objectif de résilience, tous les éléments (arbre, mare, pierrier, tas de bois, haie, poulailler…) de l’espace doivent remplir plusieurs fonctions. Par exemple, un arbre pourra permettre : création de biomasse (mulch, BRF…), fructification, ombrage, source de bois… et il sera en connexion avec le potager, les animaux, la maison…

(Source : permaculturedesign.fr)

Notions de base

La compréhension des cycles naturels

Les besoins diffèrent en fonction des plantes, chacune d’elle a des préférences spécifiques (ombre/soleil, terre sèche/humide…). Pour la captation des nutriments du sol, certains végétaux feront ce processus en profondeur et d’autres en surface. Il y a même des plantes qui permettent des remontées de matières nutritives pour leurs partenaires. Ceci grâce à la captation en profondeur des éléments lessivés et ensuite la décomposition de leurs bois morts / feuilles en surface. C’est ainsi que cette matière organique peut être utilisée en paillage, cette action permettra de faire une fertilisation de surface.

Tous les végétaux ayant des spécificités intrinsèques, après réflexion, ils peuvent être imbriqués, sans créer de concurrence. Il est donc possible d’optimiser les inter-relations bénéfiques. Comme par exemple l’agroforesterie, une association bénéfique entre des arbres et des cultures. Les arbres permettent de capter les éléments nutritifs qui se lessivent, pendant la période végétative, ils les restituent ensuite à la surface l’automne, par la chute des feuilles.

L’arrêt des labours permet un retour des cycles naturels vertueux. Un grand nombre de bénéfices peuvent découler : meilleure fertilité, brassage des éléments, amélioration de la porosité, de la structure et de la texture, décomposition de la matière organique, mycorhization, meilleure rétention de l’eau, bio-contrôle des maladies, arrêt de la battance et de l’érosion…

A contrario, retourner le sol déstructure son écologie, par exemple le positionnement des bactéries en fonction du taux d’oxygène. Les anaérobies n’ont pas besoin d’oxygène pour vivre tandis que les aérobies en ont besoin. Aussi, les réseaux d’hyphes de champignons s’étendent sous toute la surface des sols fertiles non labourés. Casser un de ces filaments détruit tout le réseau qui ne sera plus connecté à sa source, dès lors, les bienfaits qu’il apporte seront également perdus (association avec les plantes, meilleure captation de l’eau et des nutriments, déblocage du phosphore dans le sol…).

L’écosystème sol fonctionne à l’optimum lorsqu’il n’est pas perturbé.

Il est possible de comprendre que la notion de non-labour peut être difficile à assimiler.
Par exemple, dans la culture française travailler le sol est un acte ancré dans les pratiques culturales nationales, comme il peut l’être remarqué sur la photo ci-dessous. Elle a été prise dans la plus ancienne salle de réunion du Ministère de l’Agriculture Français, à Paris. Sur la peinture en haut à gauche une femme sème les graines à la volée, accompagnée de ses bœufs qui retournent le sol à l’aide de charrues en bois.

Photo prise au Ministère de l’agriculture Français

L’intensité de la vie du sol et sa diversité sont importants. Ils rentrent dans le processus de recyclage de la matière organique et de création d’humus. L’humus est indispensable pour la pérennité des plantes. Par exemple, un grand nombre de carbone sur un sol aura besoin de beaucoup de cloportes et de champignons pour se dégrader. Ainsi la vie pourra broyer, casser, mélanger, transformer cette matière, et l’incorporer petit à petit dans le sol, sous forme assimilable par les plantes. Plus il y aura d’espèces diversifiés, et plus un large éventail de rôles bénéfiques pourront être assurés par la vie, une fois de plus synonyme de résilience.

Ne plus retourner le sol va de pair avec les pratiques de mise en œuvre de mulch. Dans la nature un sol à nue est un sol problématique, la terre est dans la majorité des cas recouverte par de la matière organique. Il faudra imiter l’action naturelle des écosystèmes. La couverture du sol via un mulch aura donc un grand nombre d’intérêts : limitation de l’évaporation, réduction de la pousse des adventices (en fonction de l’épaisseur), apport de nutriments, nourriture pour la vie du sol, augmentation de la microbiologie, meilleur échange physico-chimique, suppression de la croûte de battance…

Les pesticides et autres traitements chimiques ne doivent pas être utilisés, ils détruisent également l’écosystème sol et son fonctionnement (PELOSI & al 2013 ; NaturParif).

Il est possible d’utiliser les bénéfices de la nature en s’inspirant du modèle forestier. On parle là de « Jardin-Forêt », dans ce concept pas d’espace vide, tous les étages sont utilisés et optimisés, du rampant au grimpant. L’aménagement se réfléchie en terme de volume et non de surface. En comparaison avec une monoculture, la production de biomasse est plus importante. Ce sont des cultures multi-étagées, l’agencement ici se fait en 3D et même en 4D en y rajoutant une dimension temporelle.

En permaculture, l’augmentation de la biodiversité n’est pas que floristique, il y a aussi une corrélation au niveau faunistique. En effet, ces derniers trouveront dans un « jardin-forêt » plus d’habitats et de nourritures, synonyme d’une plus grande résistance aux maladies (insectes auxiliaires, bio-régulation…). Dans un écosystème équilibré on compte en règle générale 10 auxiliaires pour un ravageur. Les ravageurs ne sont pas un problème ils ont le rôle de détruire ce qui est faible, c’est la sélection naturelle. Plus la vie « fourmille » et plus le système est stable et productif. La création d’un maximum d’habitats (tas de bois, enrochement, mare…) permettra d’attirer un maximum de biodiversité et d’arriver aux objectifs recherchés.

Source : BENJAMIN BROUSTEY

Un exemple au niveau des forêts nourricières peut être pris avec DAVE JACKE, auteur de « EDIBLE FOREST GARDEN » ou encore STEFAN SOBKOWIAK, fondateur des fermes miracles et du concept de verger permaculturel.

Planification des dépenses d’énergie et systèmes intensifs de petites tailles

Les ressources biologiques naturelles (eau, vent, soleil, nutriments…) sont un atout pour le jardinier. Elles sont disponibles gratuitement, et avec une attention particulière elles peuvent être utilisées, optimisées, voir amplifiées.

Prenons comme exemple le flux de l’eau. L’eau à un point d’arrivé (ou plusieurs) sur une parcelle, elle aura tendance à « fuir ». L’objectif sera dans ce cas de ralentir ou stopper ces éventuelles pertes avant que le flux quitte le terrain et ne soit perdu. Le stockage, la conservation et l’amplification sont des techniques à utiliser dans ce cas. Souvent, dans les milieux agricoles Français, il n’y a pas de problème d’eau, mais plutôt dans la gestion de l’eau. La pluviométrie est suffisante pour faire pousser des forêts dans ce pays.

Sur ce croquis est représentée la fuite de l’eau depuis sa source. Les divers aménagements possibles permettent de conserver plus longtemps cet élément sur le terrain (MERCI à BENJAMIN BROUSTEY).

Flux de l’eau (Source : BENJAMIN BROUSTEY)

Le système Permaculturel est conçu pour fonctionner sur de petites à moyennes surfaces.

Le contrôle et l’intensification des cultures de par les associations de plantes en sont un des avantages.

L’association entre un haricot, un maïs et une courge sera très productive. Inspiré des modèles Amérindiens. Le maïs fournira un support au haricot. Le haricot, une plante de la famille des fabacées (ou légumineuses), il a les racines qui s’associent avec des bactéries rhizobiums. Les rhizobiums captent l’azote atmosphérique et le mettent dans le sol, un engrais naturel et gratuit. La courge couvrira la terre, elle limitera ainsi l’évaporation de l’eau et la pousse des adventices. Les rendements sont conséquents en comparaison avec des systèmes de monoculture.

Une réflexion dans le temps peut être aussi menée. En effet, planter des salades autour d’un jeune chou aura des avantages. Les salades seront récoltées avant que le chou ne soit à maturité et ne prenne trop de place. Ce qui permet d’optimiser l’espace dans le temps.

Prendre en compte l’évolution naturelle

Un écosystème est en perpétuel changement, il évolue et se transforme au cours du temps. Ce qui va de pair avec toute une succession d’êtres vivants divers et variés. Ils apparaissent et disparaissent en fonction des habitats et des ressources. La Permaculture va être l’opposé d’un système conventionnel où la strate végétale sera maintenue à un niveau identique. Elle imitera les processus naturels, elle pourra même les accélérer pour parvenir aux objectifs recherchés.

Ainsi, la fertilité du sol peut s’établir avec les végétaux en présence. Dans cet objectif, les paillages sont également préconisés. Tout comme l’important nombre de purins (orties, prêles, fougères…) ou autres fertilisants naturels possibles. Ils peuvent être mis en œuvre directement sur site en favorisant la pousse de ces végétaux ou en les implantant. Par exemple, un purin d’Urtica dioïca (Ortie) sera très riche en nutriments. Il permet de dynamiser les échanges plantes-sol en favorisant l’activité de la microfaune et microflore du sol.

La production de biomasse est un des objectifs, elle permet d’enrichir le site et d’augmenter sa fertilité. Les engrais verts, les fabacées, les plantes pionnières sont utilisées.

Les branches des arbres entrent aussi dans la création de matière organique, elles peuvent être broyées pour créer du B.R.F (Bois Raméal Fragmenté) – Voir « Le BRF de JACKY DUPETY. C’est ainsi que le développement des mycorhizes indispensables au bien-être des plantes sera favorisé. Les champignons peuvent dégrader la lignine du bois et sont attirés par ce matériaux riche en carbone.

D’après Hervé Coves (agronome) les champignons sont indispensables pour un grand nombre de rôles bénéfiques au jardin et dans l’environnement. Ils assurent la mycorhization des plantes, le transport d’éléments nutritifs, la microporosité, la décomposition du bois… Dans l’agriculture agro-industrielle, en absence de champignons, une grande partie du phosphore s’accumule dans le sol sous une forme inassimilable par les végétaux. Ceci dans un contexte où la moitié des réserves non-renouvelables de phosphore planétaire seront épuisées en 2040. Le rôle de ces organismes est donc majeur.

Au fur et à mesure de l’évolution du projet, les espèces pionnières sont remplacées par des plantes comestibles. Cette opération est faite à un niveau acceptable ; tout en prenant en compte l’intérêt des plantes naturelles. Selon Ralph Emerson « Une mauvaise herbe est une plante dont on n’a pas encore découvert les vertus ».

En permaculture, un environnement optimal de production est créé grâce à la reflexion et à la compréhension de la nature. Ce sont de réels « espaces-écosystème » qui sont créés.

Biodiversité

Le maître mot ! BIODIVERSITÉ !

Ci dessous exemple d’un design en permaculture à la ferme « Au Petit Colibri » (voir le livre : MANUEL DE CULTURE SUR BUTTES)

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